Publication dans la revue L’Épatant

Un article dans la revue L’Épatant intitulé Les premières rencontres amoureuses.
Vous y trouverez une réflexion sur les enjeux émotionnels, psychologiques et corporels des débuts d’une relation amoureuse.

parution-l'epatatant-celine-ghesquieres-médecin-sexologue-hypnothérapeute-cabinet-paris-IX

Céline Ghesquières, la psy de l’amour

Nous sommes allés disséquer nos premiers amours et leur écho éternel dans nos coeurs et dans nos corps avec le docteur Céline Ghesquières, médecin sexologue. Diagnostic: il semblerait que ce doux virus soit une émotion sexuellement transmissible, qui s’attrape n’importe quand, n’importe où, et à n’importe quel âge!

 Les premiers amours sont-ils les plus marquants?

Je remarque que vous utilisez «premiers amours» au masculin, alors que le mot «amour» est un des rares mots français qui se féminise au pluriel, ce qui est déjà un indicateur de son aspect polymorphe, mais qui est aussi révélateur d’une certaine poésie de la langue. Les premières amours donc, sont souvent très marquantes sans que cela ne fasse office de règle. Il y en existe autant que de premiers amants. Mais ce langage du corps, du coeur et de l’esprit n’est pas instruit, il se comprend et s’intègre par l’expérience. Ainsi les premières amours, si elles ne sont pas toujours les plus marquantes, sont nos premiers plongeons dans un nouvel univers avec de nouveaux codes, et à ce titre ont toujours une place particulière dans nos mémoires.

Quel est leur impact sur notre développement sexuel?
La sexualité est un langage à part entière. Un premier amour, c’est apprendre une langue complètement nouvelle, qui se parle avec la peau, les regards, le souffle, le corps. Son histoire est souvent liée à celle des premières fois. La sexualité n’est pas une langue figée. C’est un mouvement de l’amour qui évolue constamment et s’apprend sans cesse. Ouvrant la porte d’un monde nouveau, charge à chacun de l’explorer.

Y-a-t-il un âge, une temporalité pour un premier amour?
Non pas du tout, on peut tomber amoureux en quelques heures, en quelques jours, dès la plus tendre enfance on peut vivre des histoires d’amour très intenses et très sincères, ce que les enfants n’ont pas vraiment besoin qu’on leur explique d’ailleurs. C’est plus tard, quand des groupes se forment, que ces mouvements amoureux sont freinés avant de repartir en trombe à l’adolescence avec le nouvel élan  d’une inondation hormonale.

Qu’est-ce qui rend ces premières amours si violentes dans leur expression émotionnelle?
Il s’agit ici de parler du sentiment amoureux, qui combine le physique et le psychique, le désir et la fusion, l’égo et le «nous». li y a l’alchimie un peu magique et hasardeuse dont on parle souvent, mais  aussi la chimie de l’amour (avec les molécules du plaisir, de l’attachement et de l’attirance qui envahissent notre cerveau face à l’être aimé), sans compter l’impression de combler les vides l’un de l’autre et donc de former une nouvelle unité plus complète. C’est cet avant goût d’absolu qui excite les sens et les émotions. D’ailleurs le mot «émotion» vient du mot «mouvement», ce que l’on vit avec ses premières amours c’est notre monde entier qui bouge. À tous les niveaux, elles sont un passage de l’enfance à l’âge adulte, un enjeu énorme pour les adolescents, qui vivent leur première expérience d’une telle intensité hors du cocon familial.

Aime-t-on à nouveau comme la première fois?
Les histoires de premières amours sont souvent des histoires de premières ruptures. Les unes sont imbriquées dans les autres. Il faut pouvoir cicatriser correctement de ses blessures et cette période est souvent vécue comme un sevrage chimique et parfois un deuil psychologique. Mais je crois que tous les grands amours sont des premières amours, ils sont tous originaux et incomparables.

Par Melchior, revue l’Épatant N°1 page 79.