Docteur, je suis à bout, mais je ne veux pas d’antidépresseur

Les alternatives naturelles aux antidépresseurs : safran, vitamines B et probiotiques

Stress, moral en berne, libido en veille ? Et si on parlait du safran, des vitamines B et des probiotiques ?
Je reçois régulièrement en consultation des patients qui souvent me confient :
« Je me sens fatiguée nerveusement, je dors mal, je suis à fleur de peau… Je sens que j’aurais besoin d’un coup de pouce, mais je n’ai pas envie d’un antidépresseur qui me coupe encore plus de moi-même. Et puis j’ai peur pour ma libido qui n’est déjà pas au top… »

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C’est vrai que les antidépresseurs, notamment les ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine), peuvent avoir un impact direct sur la fonction sexuelle, avec notamment une baisse du désir ou des difficultés orgasmiques.

Alors que faire quand on ne veut pas prescrire des antidépresseurs à tout prix, mais qu’on sent bien que le système nerveux est à bout ? Bien sûr, le diagnostic médical est indispensable au préalable. Parfois il est nécessaire et juste de prescrire un ISRS.

Je vous parle ici d’une approche naturelle que j’aime recommander dans certains cas et sans effet indésirable sur la sexualité.

Le safran : une plante, plusieurs actions ciblées sur le corps

Le safran (Crocus sativus L.), à la dose de 30 mg par jour, a démontré des effets antidépresseurs et anxiolytiques dans de nombreuses études. Mais ce n’est pas juste une « plante qui fait du bien ». Elle agit de façon très précise sur plusieurs voies physiologiques importantes dans la régulation émotionnelle :

– Les récepteurs à la sérotonine
Les principes actifs du safran — notamment la crocine et la safranal — agissent comme modulateurs des récepteurs 5-HT1A et 5-HT2C. Ces récepteurs sont les mêmes que ceux ciblés par certains antidépresseurs classiques. Cette modulation favorise une augmentation douce de la sérotonine, sans blocage brutal ni sur stimulation.

– La réduction du cortisol

Le safran contribue à réduire la production de cortisol, l’hormone du stress chronique. Moins de cortisol, c’est un système nerveux moins sollicité, un meilleur sommeil, une diminution de l’irritabilité.
L’action anti-inflammatoire

L’inflammation de bas grade est de plus en plus reconnue comme un facteur de risque dans les troubles anxio dépressifs. Le safran possède des propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires qui participent à cet apaisement global.

– Sans altération de la fonction sexuelle

Contrairement aux ISRS(antidépresseurs), le safran n’inhibe pas la dopamine ni les voies du plaisir, ce qui explique son absence d’effet négatif sur le désir, l’excitation ou l’orgasme. Cela en fait un allié précieux chez les patientes souffrant d’anorgasmie sous traitement antidépresseur, ou souhaitant une alternative naturelle.

Lopresti AL, Drummond PD. « Saffron (Crocus sativus) for depression: a systematic review of clinical studies and examination of underlying antidepressant mechanisms of action. » Human Psychopharmacology: Clinical and Experimental, 2014;29(6):517-527. doi:10.1002/hup.2434.
Akhondzadeh S, et al. « Comparison of Crocus sativus L. and fluoxetine in the treatment of mild to moderate depression: A pilot double-blind randomized trial. » BMC Complementary and Alternative Medicine, 2004;4:12. doi:10.1186/1472-6882-4-12.

Les vitamines B6, B9 et B12 : les indispensables du bon fonctionnement cérébral

Pour que notre cerveau fabrique de la sérotonine, de la dopamine et de la noradrénaline, il lui faut du tryptophane et de la tyrosine… mais aussi des vitamines du groupe B pour activer les enzymes clés.

La B6 transforme le tryptophane en 5-HTP, puis en sérotonine.

La B9 intervient dans les cycles de méthylation, essentiels à la neurochimie.

La B12 protège les cellules nerveuses et soutient l’équilibre émotionnel.

Ces vitamines sont fréquemment déficitaires dans les dépressions chroniques, et leur supplémentation ciblée est aujourd’hui intégrée dans de nombreuses prises en charge psychiatriques.

– Quels dosages en pratique ?

En psychiatrie, notamment dans les services hospitaliers, on retrouve :

Vitamine B6 (pyridoxine) : 20 à 50 mg/jour selon les cas,

Vitamine B12 (méthylcobalamine) : jusqu’à 1000 µg/jour, surtout en cas de déficit ou d’hyperhomocystéinémie associée à la dépression.

Syed EU, Wasay M, Awan S. « Vitamin B12 supplementation in treating major depressive disorder: A randomized controlled trial. » Open Neurol J., 2013;7:44-48. doi:10.2174/1874205X01307010044.
Hvas AM, Juul S, Lauritzen L, Nexo E. « Vitamin B6 level is associated with symptoms of depression. » Psychother Psychosom., 2004;73(6):340-343. doi:10.1159/000080389.

L’intestin, ce deuxième cerveau qui n’oublie rien…

Certaines souches probiotiques bien identifiées ont montré leur efficacité sur la sphère psycho-émotionnelle. On les appelle aujourd’hui psychobiotiques, car elles influencent directement la chimie du cerveau via l’axe intestin-cerveau.

Souches validées pour la santé mentale :

– Lactobacillus helveticus R0052

– Bifidobacterium longum R0175

Ce mélange précis, utilisé dans plusieurs études cliniques, a montré une réduction significative des marqueurs de stress, d’anxiété et d’irritabilité, y compris chez des patients en bonne santé.

Messaoudi M, et al. « Assessment of psychotropic-like properties of a probiotic formulation (Lactobacillus helveticus R0052 and Bifidobacterium longum R0175) in rats and human subjects. » British Journal of Nutrition, 2011;105(5):755-764. doi:10.1017/S0007114510004319.

D’autres souches sont en cours d’étude, mais ce duo reste aujourd’hui la référence la plus solide pour l’équilibre émotionnel et la modulation de l’axe cerveau-intestin.

Cela dit, le champ des probiotiques appliqués à la santé mentale est en pleine expansion : c’est une voie d’investigation passionnante, encore jeune et en cours d’étude mais prometteuse. L’exploration des mécanismes d’action, des interactions avec le microbiote individuel, et des bénéfices potentiels sur l’anxiété, la dépression ou le stress chronique, ouvre des perspectives thérapeutiques riches, à suivre de près dans les années à venir.

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